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des accents sincères, et passant d’un extrême à l’autre, je me figurai que le chagrin s’était changé en maladie, et que si je n’avais pas de ses nouvelles, c’est qu’il était malade et peut-être bien mort.

Je m’intéressais malgré moi à ce jeune homme. Peut-être dans cet intérêt y avait-il de l’égoïsme ; peut-être avais-je entrevu sous cette douleur une touchante histoire de cœur, peut-être enfin mon désir de la connaître était-il pour beaucoup dans le souci que je prenais du silence d’Armand.

Puisque M. Duval ne revenait pas chez moi, je résolus d’aller chez lui. Le prétexte n’était pas difficile à trouver ; malheureusement je ne savais pas son adresse, et parmi tous ceux que j’avais questionnés, personne n’avait pu me la dire.

Je me rendis rue d’Antin. Le portier de Marguerite savait peut-être où demeurait Armand. C’était un nouveau portier. Il l’ignorait comme moi. Je m’informai alors du cimetière où avait été enterrée mademoiselle Gautier. C’était le cimetière Montmartre.

Avril avait reparu, le temps était beau, les tombes ne devaient plus avoir cet aspect douloureux et désolé que leur donne l’hiver ; enfin, il faisait déjà assez chaud pour que les vivants se souvinssent des morts