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passé bien des fois dans votre vie sans être remarquée ; vous trouvez dans les événements que l’on vous raconte une coïncidence, une affinité réelles avec certains événements de votre propre existence. Je n’en étais pas positivement là avec Marguerite, puisque je l’avais vue, rencontrée, et que je la connaissais de visage et d’habitudes ; cependant, depuis cette vente, son nom était revenu fréquemment à mes oreilles, et dans la circonstance que j’ai dite au dernier chapitre, ce nom s’était trouvé mêlé à un chagrin si profond, que mon étonnement en avait grandi, en augmentant ma curiosité.

Il en était résulté que je n’abordais plus mes amis auxquels je n’avais jamais parlé de Marguerite, qu’en disant :

— Avez-vous connu une nommée Marguerite Gautier ?

— La Dame aux Camélias ?

— Justement.

— Beaucoup ! Ces Beaucoup ! étaient quelquefois accompagnés de sourires incapables de laisser aucun doute sur leur signification.

— Eh bien, qu’est-ce que c’était que cette fille-là ? continuais-je.