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La femme de chambre alla m’annoncer et me fit attendre quelques instants dans le salon.

Madame Duvernoy parut enfin, et m’introduisit dans son boudoir ; au moment où je m’y asseyais, j’entendis ouvrir la porte du salon, et un pas léger fit crier le parquet, puis la porte du carré fut fermée violemment.

— Je vous dérange ? demandai-je à Prudence.

— Pas du tout, Marguerite était là. Quand elle vous a entendu annoncer, elle s’est sauvée : c’est elle qui vient de sortir.

— Je lui fais donc peur maintenant ?

— Non, mais elle craint qu’il ne vous soit désagréable de la revoir.

— Pourquoi donc ? fis-je en faisant un effort pour respirer librement, car l’émotion m’étouffait ; la pauvre fille m’a quitté pour ravoir sa voiture, ses meubles et ses diamants, elle a bien fait, et je ne dois pas lui en vouloir. Je l’ai rencontrée aujourd’hui, continuai-je négligemment.

— Où ? fit Prudence, qui me regardait et semblait se demander si cet homme était bien celui qu’elle avait connu si amoureux.

— Aux Champs-Élysées, elle était avec une autre femme fort jolie. Quelle est cette femme ?

— Comment est-elle ?