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XV


et un sourire de ses lèvres, un artiste de notre monde, un peintre qui savait mieux que personne, l’ayant si peu vue, à quel point elle était un parfait modèle de toutes les élégances et de toutes les séductions de la jeunesse.

— Ah ! vous voilà, lui dit-elle, donnez-moi le bras et dansons ! et, quittant le bras officiel de son cavalier, la voilà qui se met à valser la valse à deux temps, qui est la séduction même, quand elle obéit à l’inspiration de Strauss, et qu’elle arrive tout énamourée des bords du Rhin allemand, sa vraie patrie ! Elle dansait à merveille, ni trop vive, ni trop penchée, obéissant à la cadence intérieure autant qu’à la mesure visible, touchant à peine d’un pied léger ce sol élastique, et bondissante et reposée, et les yeux sur les yeux de son danseur. — On fit cercle autour de l’un et de l’autre, et c’était à qui serait touché par ces beaux cheveux qui suivaient le mouvement de la valse rapide, et c’était à qui frôlerait cette robe légère empreinte de ces parfums légers, et peu à peu le cercle se rétrécissant, et les autres danseurs s’arrêtant pour les voir, il advint que le grand jeune homme… celui qui l’avait amenée en ce bal, la perdit dans la foule, et qu’il voulut en vain retrouver ce bras charmant, auquel il avait prêté le sien avec tant