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et son appétit éternel, elle ne pouvait pas laisser un moment d’ennui à ceux qu’elle accompagnait, et devait s’entendre parfaitement à commander les œufs, les cerises, le lait, le lapin sauté, et tout ce qui compose enfin le déjeuner traditionnel des environs de Paris.

Il ne nous restait plus qu’à savoir où nous irions.

Ce fut encore Prudence qui nous tira d’embarras.

— Est-ce à une vraie campagne que vous voulez aller ? demanda-t-elle.

— Oui.

— Eh bien, allons à Bougival, au Point du Jour, chez la veuve Arnould. Armand, allez louer une calèche.

Une heure et demie après nous étions chez la veuve Arnould.

Vous connaissez peut-être cette auberge, hôtel de semaine, guinguette le dimanche. Du jardin, qui est à la hauteur d’un premier étage ordinaire, on découvre une vue magnifique. A gauche l’aqueduc de Marly ferme l’horizon, à droite la vue s’étend sur un infini de collines ; la rivière, presque sans courant dans cet endroit, se déroule comme un large ruban blanc moiré, entre la plaine des Gabillons et l’île de Croissy, éternellement bercée par le frémissement de