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grand sang-froid ; je ne perdais que ce que je pouvais payer, et je ne gagnais que ce que j’aurais pu perdre.

Du reste, la chance me favorisa. Je ne faisais pas de dettes, et je dépensais trois fois plus d’argent que lorsque je ne jouais pas. Il n’était pas facile de résister à une vie qui me permettait de satisfaire sans me gêner aux mille caprices de Marguerite. Quant à elle, elle m’aimait toujours autant et même davantage.

Comme je vous l’ai dit, j’avais commencé d’abord par n’être reçu que de minuit à six heures du matin, puis je fus admis de temps en temps dans les loges, puis elle vint dîner quelquefois avec moi. Un matin je ne m’en allai qu’à huit heures, et il arriva un jour où je ne m’en allai qu’à midi.

En attendant la métamorphose morale, une métamorphose physique s’était opérée chez Marguerite. J’avais entrepris sa guérison, et la pauvre fille, devinant mon but, m’obéissait pour me prouver sa reconnaissance.

J’étais parvenu sans secousses et sans effort à l’isoler presque de ses anciennes habitudes. Mon médecin, avec qui je l’avais fait trouver, m’avait dit que le repos seul et le calme pouvaient lui conserver la santé, de sorte qu’