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— Pourquoi ne m’a-t-elle pas répondu, puisqu’elle m’aime ?

— Parce qu’elle a compris qu’elle avait tort de vous aimer. Puis les femmes permettent quelquefois qu’on trompe leur amour, jamais qu’on blesse leur amour-propre, et l’on blesse toujours l’amour-propre d’une femme quand, deux jours après qu’on est son amant, on la quitte, quelles que soient les raisons que l’on donne à cette rupture, je connais Marguerite, elle mourrait plutôt que de vous répondre.

— Que faut-il que je fasse alors ?

— Rien. Elle vous oubliera, vous l’oublierez, et vous n’aurez rien à vous reprocher l’un à l’autre.

— Mais si je lui écrivais pour lui demander pardon ?

— Gardez-vous-en bien, elle vous pardonnerait.

Je fus sur le point de sauter au cou de Prudence.

Un quart d’heure après, j’étais rentré chez moi et j’écrivais à Marguerite :

« Quelqu’un qui se repent d’une lettre qu’il a écrite hier, qui partira demain si vous ne lui pardonnez, voudrait savoir à quelle heure il pourra déposer son repentir à vos pieds.

» Quand vous trouvera-t-il seule ? car, vous le savez, les confessions doivent être faites sans témoins. »