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aux Champs-Élysées, où, comme la veille, je la vis passer et redescendre.

A sept heures, j’étais au Vaudeville.

Jamais je n’étais entré si tôt dans un théâtre.

Toutes les loges s’emplirent les unes après les autres.

Une seule restait vide : l’avant-scène du rez-de-chaussée.

Au commencement du troisième acte, j’entendis ouvrir la porte de cette loge, sur laquelle j’avais presque constamment les yeux fixés, Marguerite parut.

Elle passa tout de suite sur le devant, chercha à l’orchestre, m’y vit et me remercia du regard.

Elle était merveilleusement belle ce soir-là.

Étais-je la cause de cette coquetterie ? M’aimait-elle assez pour croire que, plus je la trouverais belle, plus je serais heureux ? Je l’ignorais encore ; mais si telle avait été son intention, elle réussissait, car lorsqu’elle se montra, les têtes ondulèrent les unes vers les autres, et l’acteur alors en scène regarda lui-même celle qui troublait ainsi les spectateurs par sa seule apparition.

Et j’avais la clef de l’appartement de cette femme, et dans trois ou quatre heures elle allait de nouveau être à moi.