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ai déjà dit cent fois que non, que vous m’agacez horriblement, et que vous pouvez vous adresser autre part. Je vous le répète aujourd’hui pour la dernière fois : Je ne veux pas de vous, c’est bien convenu ; adieu. Tenez, voici Nanine qui rentre ; elle va vous éclairer. Bonsoir.

Et sans ajouter un mot, sans écouter ce que balbutiait le jeune homme, Marguerite revint dans sa chambre et referma violemment la porte, par laquelle Nanine, à son tour, rentra presque immédiatement.

— Tu m’entends, lui dit Marguerite, tu diras toujours à cet imbécile que je n’y suis pas ou que je ne veux pas le recevoir. Je suis lasse, à la fin, de voir sans cesse des gens qui viennent me demander la même chose, qui me payent et qui se croient quittes avec moi. Si celles qui commencent notre honteux métier savaient ce que c’est, elles se feraient plutôt femmes de chambre. Mais non ; la vanité d’avoir des robes, des voitures, des diamants nous entraîne ; on croit à ce que l’on entend, car la prostitution a sa foi, et l’on use peu à peu son cœur, son corps, sa beauté ; on est redoutée comme une bête fauve, méprisée comme un paria, on n’est entourée que de gens qui vous prennent toujours plus qu’ils ne vous