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Le prince de Monaco sauta à bas de sa voiture pour donner des coups de canne aux artilleurs, jurant entre ses dents que, si les drôles passaient jamais par sa principauté, il les ferait pendre.

Derrière les artilleurs, il y avait un homme en costume de général.

— Tiens ! c’est vous, Monaco ? dit en voyant le prince l’homme en costume de général. Laissez passer le prince, ajouta-t-il aux artilleurs qui lui barraient le passage, c’est un ami.

Le prince de Monaco se frotta les yeux.

— Comment, c’est vous, Drouot ? lui dit-il.

— Moi-même, mon cher prince.

— Mais je vous croyais à l’île d’Elbe avec l’empereur.

— Eh ! mon Dieu ! oui, nous y étions en effet, mais nous sommes venus faire un petit tour en France ; n’est-ce pas, maréchal ?

— Tiens ! c’est vous, Monaco ? dit le nouveau venu ; et comment vous portez-vous, mon cher prince ?

Le prince de Monaco se frotta les yeux une seconde fois.

— Et vous aussi, maréchal, lui dit-il, mais vous avez donc tous quitté l’île d’Elbe ?

— Eh ! mon Dieu ! oui, mon cher prince, répondit Bertrand ; l’air en était mauvais pour notre santé, et nous sommes venus respirer celui de France.

— Qu’y a-t-il donc, messieurs ? dit une voix claire et impérative, devant laquelle le groupe qui entamait le prince s’ouvrit.

— Ah ! ah ! c’est vous, Monaco ? dit la même voix.

Le prince de Monaco se frotta les yeux une troisième fois. Il croyait faire un rêve.

— Oui, sire ! Oui, dit-il ; oui, c’est moi, mais d’où vient Votre Majesté ? où va-t-elle ?

— Je viens de l’île d’Elbe, et je vais à Paris. Voulez-vous venir avec moi, Monaco ? Vous savez que vous avez votre appartement aux Tuileries.

— Sire ! dit le prince de Monaco qui commençait à comprendre, je n’ai point oublié les bontés de Votre Majesté pour moi, et j’en garderai une éternelle reconnaissance.