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sensée, renversant de temps en temps la tête en arrière et poussant des sanglots.

Personne ne répondit, mais une vieille femme voisine de Coquelin ouvrit sa fenêtre, et, voyant cette jeune femme qui frappait sans relâche, elle lui demanda ce qu’elle voulait :

— Je veux parler au citoyen Coquelin ! s’écria la jeune femme.

— Le citoyen Coquelin est parti avec son tombereau, répondit la vieille ; il doit être à cette heure-ci sur la Cannebière. Et la vieille referma la fenêtre.

La jeune femme se mit à courir du côté indiqué ; mais à mesure qu’elle approchait, la foule était si considérable, qu’elle fut obligée de s’arrêter dans une des rues voisines. Des gens à face patibulaire disaient :

— Quel malheur de ne pas pouvoir aller plus loin ! On en mène douze aujourd’hui. Ceux qui ont les premières places en verront pour leur argent.

La pauvre femme s’évanouit.

On la porta dans une maison, on fouilla dans ses poches ; on y trouva une lettre à son adresse, et on la reporta rue des Thionvillois.

Quand elle revint à elle, la petit Louise était à genoux, et une vieille femme, qui l’avait suivie de Paris, lui jetait de l’eau sur la figure.

Elle voulut se lever, mais elle était si faible qu’elle fut forcée de se rasseoir.

Elle resta deux heures, les mains appuyées sur les bras de son fauteuil, l’œil fixe, sans prononcer une seule parole.

Au bout de deux heures, on sonna violemment à la porte.

— Allez voir ce que c’est, dit-elle à la vieille servante.

La bonne femme descendit. Un instant après, elle rentra toute tremblante et tenant un billet à la main.

Un homme, coiffé d’un bonnet rouge, avait jeté ce billet dans l’escalier, en criant : — Pour la citoyenne veuve Robert.

La jeune femme prit le papier. Voici ce qui y était écrit :

« Citoyenne, ils étaient douze, votre mari était le dou-