Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! j’ai du travail en ville, répondit Coquelin.

— Mais ce travail vous rend-il beaucoup ?

— Oui, oui ! on me paie bien.

— Et jamais il ne manque ?

— C’est-à-dire, répondit l’ouvrier, qui s’était remis à sa besogne, se renversant en arrière et relevant ses manches, c’est à dire qu’il y a des temps.

— Et vous êtes dans un bon moment, à ce qu’il parait ? demanda la jeune femme, car vous me semblez content.

— Mais oui ! mais oui ! Depuis deux mois à peu près, les commandes ne vont pas mal, et s’augmentent tous les jours, grâce au citoyen Brutus.

— Vous connaissez le citoyen Brutus ? s’écria la jeune femme, sans réfléchir à cette étrange influence que pouvait avoir le citoyen Brutus sur le commerce d’un faiseur de jouets d’enfans.

— Si je connais le citoyen Brutus, répondit Coquelin ; parbleu ! si je le connais. C’est un chaud qui ne plaisante pas.

— Vous le connaissez ! oh ! mon Dieu ! c’est peut-être la Providence qui m’a conduite ici. — Et le voyez-vous souvent ?

— Oui, comme cela, de temps en temps. Quand j’ai fini mon travail du jour, je vais demander ses ordres pour le lendemain. Nous prenons un petit verre ensemble et nous trinquons à la santé de la république, une et indivisible. — Oh ! il n’est pas fier, le citoyen Brutus.

— Citoyen Coquelin, vous me paraissez un brave homme.

— Un brave homme… moi ?… ô citoyenne !

— Vous me rendriez volontiers un service, n’est-ce pas ?

— Si je le pouvais, citoyenne. Certainement je ne demanderais pas mieux.

— Tenez, citoyen Coquelin, je veux tout vous dire. J’ai mon mari en prison, voilà pourquoi je passe tous les jours dans cette rue ; il est innocent, je vous le jure, mais il a des ennemis parce qu’il est riche. Si vous pouviez implorer pour lui la justice du citoyen Brutus ?… Il se nomme Robert, mon mari ; retenez bien son nom, et puisque vous connaissez le président Brutus, puisque vous allez le voir à la fin