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donna de frapper avec le premier de ces outils, tandis qu’il conduisait l’autre, et ainsi ils n’avaient plus l’air d’un souverain et d’un artiste, mais tout simplement de deux ouvriers orfèvres travaillant au même établi.

À force de recherches chimiques, Cosme retrouva, avec François Ferruci de Fiesole, l’art de tailler le porphyre, perdu depuis les Romains, et il en profita à l’instant pour faire sculpter la belle vasque du palais Pitti, et la statue de la Justice, qu’il dressa sur la place de la Trinité, au haut de la colonne de granit qui lui avait été donnée par le pape Pie IV.

Il accueillit et employa Jean de Bologne, qui fit pour lui le Mercure et l’enlèvement des Sabines, puis devint l’architecte de son fils François.

Il éleva Bernard Buontalenti, qu’il donna ensuite pour maître de dessin au jeune grand-duc.

Il plaça sous la direction de l’architecte Tribolo les constructions et les jardins de Castello.

C’est lui encore qui acheta le palais Pitti, auquel il laissa son nom, et dont il fit faire la belle cour.

Il avait appelé près de lui Georges Vasari, architecte, peintre et historien. Il demanda à l’historien une histoire de l’art, et donna au peintre le Palais-Vieux à peindre. L’architecte eut à construire un corridor qui joignit le palais Pitti au Palais-Vieux, à l’instar de celui qui, dit Homère, joignait le palais de Priam au palais d’Hector. Vasari reçut aussi l’ordre de bâtir cette magnifique galerie des Offices, devenue aujourd’hui le tabernacle de l’art, et dont Florence publie à cette heure une magnifique illustration. Ce monument plut tant à Pignatelli, qui le vit lorsqu’il n’était encore que moine à Florence, que, devenu pape en 1691, il fit faire sur le même modèle la Curia Innocenziana à Rome.

Enfin, il réunit dans le palais de Via Larga, dans le Palais-Vieux et au palais Pitti, tous les tableaux, toutes les statues, toutes les médailles, soit antiques, soit modernes, qui avaient été peints, sculptés, gravés ou retrouvés dans des fouilles par Cosme l’Ancien, par Laurent et par le duc Alexandre, et qui deux fois avaient été dispersés et pillés,