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Maria Salviati, restée veuve, se consacra alors tout entière à son enfant. Le jeune Cosme grandit donc entouré de maîtres et constamment surveillé par l’œil maternel. Élevé sérieusement, il fut grave de bonne heure, étudiant toutes les choses d’art, de guerre et de gouvernement, avec une égale aptitude, et passionné surtout pour les sciences chimiques et naturelles.

À quinze ans, son caractère s’était déjà dessiné, et pouvait donner à ceux qui l’approchaient une idée de ce qu’il serait plus tard. Comme nous l’avons dit, son aspect était grave et même sévère ; il était lent à former des relations familières, et laissait aussi difficilement prendre aucune familiarité ; mais lorsqu’il en arrivait à cette double concession, c’était une preuve de son amitié, et son amitié était sûre ; cependant, même pour ses amis, il était discret sur toutes ses actions, et désirait qu’on ne sût ce qu’il avait le dessein de faire que lorsque la chose était faite. Il en résulte qu’il paraissait, en toute occasion, chercher un but contraire à celui auquel il tendait, ce qui rendait ses réponses toujours brèves et souvent obscures.

Voilà quel était Cosme, lorsqu’il apprit la nouvelle de l’assassinat d’Alexandre, et la fuite de Lorenzino : cette fuite ne lui laissait aucun concurrent au principat ; aussi eut-il rapidement pris son parti. Il rassembla les quelques amis sur lesquels il pouvait compter, monta à cheval, et partit de la campagne qu’il habitait pour se rendre à Florence.

Cosme fut récompensé de sa confiance par l’accueil qu’on lui fit : il entra dans la ville au milieu des acclamations de joie de tous les habitans. Les souvenirs de son père marchaient autour de lui, et le peuple, parmi lequel était mêlé une foule de soldats qui avaient servi sous Jean des bandes noires, l’accompagna jusqu’au palais Salviati, joyeux et pleurant, criant à la fois : Vive Jean et vive Cosme, vive le père et le fils.

Le surlendemain, Cosme fut nommé chef et gouverneur de la république, à quatre conditions :

De rendre indifféremment la justice aux riches comme aux pauvres.