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quelles elle entravait le gouvernement populaire, avait rendu une ordonnance sous le nom d’Ordinamenti della Giustizia. Cette ordonnance excluait du priorat trente-sept familles des plus nobles et des plus considérables de Florence, et cela sans qu’il leur fût jamais permis, disait l’ordonnance, de reconquérir les droits de cité, soit en se faisant enregistrer dans un corps de métier, soit même en exerçant réellement une profession. De plus, la seigneurie fut autorisée à ajouter de nouveaux noms à ces trente-sept noms, chaque fois qu’elle croirait s’apercevoir que quelque nouvelle famille, disait encore l’ordonnance, en marchant sur les traces de la noblesse, méritait d’être punie comme elle. Les membres des trente-sept familles proscrites furent désignés sous le nom de magnats, titre qui, d’honorable qu’il avait été jusqu’alors, devint un titre infamant.

Cette proscription avait duré 143 années, lorsque Cosme l’Ancien, dont nous trouverons à son tour l’histoire écrite sur les murs du palais Riccardi, de proscrit étant devenu proscripteur, et ayant à son tour, en 1434, chassé de Florence Renaud des Albizzi et la noblesse populaire qui gouvernait avec lui, résolut de renforcer son parti de quelques-unes des familles exclues du gouvernement, en permettant à plusieurs d’entre elles de rentrer dans le droit commun, et de prendre, comme l’avaient fait autrefois leurs aïeux, une part active aux affaires publiques. Plusieurs familles acceptèrent ce rappel en revenant les bras ouverts à la patrie, sans songer quel motif personnel les y ramenait : la famille des Pazzi fut de ce nombre. Elle fit plus : oubliant qu’elle était de noblesse d’épée, elle adopta franchement sa position nouvelle, et ouvrit dans le beau palais qui aujourd’hui porte encore son nom, une maison de banque qui devint bientôt une des plus considérables et des plus considérées de l’Italie ; si bien que les Pazzi, déjà supérieurs aux Médicis comme gentilshommes, devinrent encore leurs rivaux comme marchands. Il résulta de cette position reconquise que, cinq ans après, André de Pazzi, chef de la maison, siégea au milieu de la seigneurie, dont ses ancêtres avaient été exclus pendant un siècle et demi.

André eut trois fils : un de ces trois fils épousa la petite--