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La nuit se passa sans alarmes. À sept heures du matin, on ouvrit la porte de la remise, et un voiturin parut à la porte avec deux chevaux :

— Eh ! n’y a-t-il pas ici des voyageurs pour Florence ? demanda le voiturin avec un ton de bonhomie parfaite, et comme s’il faisait là une question toute naturelle.

Le prince ouvrit la portière et sauta hors de la voiture dans l’intention d’étrangler celui qui lui faisait cette question ; mais, voyant que ce n’était point son conducteur de la veille, il pensa qu’il pourrait bien châtier, sinon le bon pour le mauvais, du moins l’innocent pour le coupable ; il se contint donc.

— Où est le cocher qui nous a amenés ici ? demanda-t-il tout pâle de colère, mais avec le plus grand sang-froid apparent, et répondant à une question par une autre question.

— Peppino, que Votre Excellence veut dire ?

— Le cocher de Pontedera.

— Eh bien ! c’est Peppino.

— Alors où est Peppino ?

— Il est en route pour retourner chez lui.

— Comment ? en route pour retourner chez lui ?

— Oui, oui. Comme c’était fête à Empoli, nous avons bu et dansé ensemble toute la nuit, et ce matin, il y a une heure, il m’a dit : Gaëtano, tu vas prendre les chevaux, et tu iras chercher deux voyageurs et un domestique qui sont sous la remise de la Croix-d’Or ; tout est payé excepté la bonne main. Alors je lui ai demandé, moi, comment il se faisait qu’il y avait des voyageurs sous une remise, au lieu d’être dans une chambre. Ah bien ! ce sont des Anglais qu’il m’a dit, ils ont eu peur qu’on ne leur donne pas de draps blancs, et ils ont mieux aimé coucher dans leur voiture. Comme je sais que les Anglais sont tous des originaux, j’ai dit : C’est bon. Alors j’ai vidé encore un fiasco, j’ai été chercher mes chevaux, et me voilà. Est-il de trop bonne heure ? Je reviendrai.

— Non, sacredieu ! dit le prince, attelez et ne perdons pas une minute ; il y a une piastre de bonne main si nous sommes dans trois heures à Florence.

— Dans trois heures, mon prince, dit le voiturin ; oh ! il