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L’aîné de cette maison était fiancé avec une jeune fille de la famille des Amadei, alliée aux Uberti, et connue pour ses opinions gibelines. Buondelmonte des Buondelmonti était seigneur de Monte-Buono, dans le val d’Arno supérieur, et habitait un superbe palais situé sur la place de la Trinité.

Un jour que, selon son habitude, il traversait, à cheval et magnifiquement vêtu, les rues de Florence, une fenêtre s’ouvrit sur son passage, et il s’entendit appeler par son nom.

Buondelmonte se retourna ; mais, voyant que celle qui l’appelait était voilée, il continua son chemin.

La dame l’appela une seconde fois, et leva son voile. Alors Buondelmonte la reconnut pour être de la maison des Donati, et arrêtant son cheval, il lui demanda avec courtoisie ce qu’elle avait à lui dire.

— Je n’ai qu’à te féliciter sur ton prochain mariage, Buondelmonte, reprit la dame d’un ton raideur ; je ne veux qu’admirer ton dévouement, qui te fait allier à une maison si fort au-dessous de la tienne. Sans doute un ancêtre des Amadei aura rendu quelque grand service à un des tiens, et tu acquittes une dette de famille.

— Vous vous trompez, noble dame, répondit Buondelmonte ; si quelque distance existe entre nos deux maisons, ce n’est point la reconnaissance qui l’efface, mais bien l’amour. J’aime Lucrezia Amadei, ma fiancée, et je l’épouse parce que je l’aime.

— Pardon, seigneur Buondelmonte, continua la Gualdrada ; mais il me semblait que le plus noble devait épouser la plus riche, la plus riche le plus noble, et le plus beau la plus belle.

— Mais jusqu’à présent, répondit Buondelmonte, il n’y a que le miroir que je lui ai fait venir de Venise qui m’ait montré une figure comparable à celle de Lucrezia.

— Vous avez mal cherché, monseigneur, ou vous vous êtes lassé trop vite. Florence perdrait bientôt son nom de ville des fleurs, si elle ne comptait point dans son parterre de plus belle rose que celle que vous allez cueillir.

— Florence a peu de jardins que je n’aie visités, peu de fleurs dont je n’aie admiré les couleurs ou respiré le parfum ; et il n’y a guère que les marguerites et les violettes