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cette place, toujours vide, est située près de l’église de Santa-Maria-in-Via-Lata. Cette inscription, sans nommer le conspirateur, indique à quelle époque le terrain est devenu une propriété de l’État.

Hæc janua intus et extra
Publicam proprietatem
Indicabat ex decreto P. P.
Communis diei 18 july
1774.

Dans tout autre pays, cet emplacement, qui a à peine 50 pieds carrés, donnerait une pauvre idée de la richesse et de la puissance de son propriétaire. Mais à Gênes, il ne faut pas prendre les palais en largeur, mais en hauteur ; les plus riches, à l’exception de celui d’André Doria et de deux ou trois autres peut-être, n’ont de jardins que sur leurs terrasses et sur leurs fenêtres.

Un autre souvenir du même genre se trouve à quelques minutes de chemin du premier, près de la petite église romane de San-Donato, où l’on vient de découvrir, sous le badigeon qui les recouvrait comme le reste de l’édifice, quatre charmantes colonnes de granit oriental, les plus belles et les mieux conservées peut-être qu’il y ait dans toute la ville de Gênes, qui est cependant la ville des colonnes.

Ce souvenir, qui date de 1560, se rattache à la conspiration Raggio ; le palais a été rasé comme celui de Fiesque ; mais l’inscription a été enlevée par un descendant du conspirateur, ministre de la police, et portant le même nom.

Cette conspiration, moins connue que celle de Fiesque, parce qu’il ne s’est point trouvé de Schiller qui en fit un chef-d’œuvre tragique, ne faillit pas moins être aussi fatale que l’autre à la république, et fut découverte par un hasard non moins remarquable que celui qui fit échouer les projets de Fiesque.

Le marquis de Raggîo était le chef de cette conspiration ; il faisait creuser de son château au palais ducal une galerie souterraine, de laquelle devaient sortir, à une heure convenue, trente conjurés parfaitement armés et résolus, lors-