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CHAPITRE XXXIII.

SOUBRETTE ET MAÎTRESSE.


lettrine Cependant, comme nous l’avons dit, malgré les cris de sa conscience et les sages conseils d’Athos et le tendre souvenir de Mme Bonacieux, d’Artagnan devenait d’heure en heure plus amoureux de milady ; aussi ne manquait-il pas tous les jours d’aller lui faire une cour à laquelle l’aventureux Gascon était convaincu qu’elle ne pouvait tôt ou tard manquer de répondre.

Un soir qu’il arrivait le nez au vent, léger comme un homme qui attend une pluie d’or, il rencontra la soubrette sous la porte cochère ; mais cette fois la jolie Ketty ne se contenta point de lui sourire en passant, elle lui prit tout doucement la main.

— Bon ! fit d’Artagnan, elle est chargée de quelque message pour moi de la part de sa maîtresse ; elle va m’assigner quelque rendez-vous qu’on n’aura pas osé me donner de vive voix ; et il regarda la belle enfant de l’air le plus vainqueur qu’il put prendre.

— Je voudrais bien vous dire deux mots, monsieur le chevalier… balbutia la soubrette.

— Parle, mon enfant ; parle, dit d’Artagnan, j’écoute.

— Ici, impossible ; ce que j’ai à vous dire est trop long et surtout trop secret.

— Eh bien ! mais, comment faire alors ?

— Si monsieur le chevalier voulait me suivre, dit timidement Ketty.

— Où tu voudras, ma belle enfant.

— Alors, venez.

Et Ketty, qui n’avait point lâché la main de d’Artagnan, l’entraîna par un petit escalier sombre et tournant, et, après lui avoir fait monter une quinzaine de marches, ouvrit une porte.