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LES FRÈRES CORSES

moins douloureuse que celle qu’il y a aujourd’hui huit jours lui annonçait votre frère.

— Je lui annonce qu’elle peut prier tranquillement pour son fils et qu’il est vengé.

— Comment pouvez-vous parler avec cette certitude ?

— Mon frère ne vous avait-il pas d’avance annoncé sa mort ? Moi, d’avance, je vous annonce celle de M. de Château-Renaud.

Il se leva, et, en me touchant la tempe :

— Tenez, me dit-il, je lui mettrai ma balle là.

— Et vous ?

— Il ne me touchera même pas !

— Mais attendez au moins l’issue du duel pour envoyer cette lettre.

— C’est parfaitement inutile.

Il sonna. Le valet de chambre parut.

— Joseph, dit-il, portez cette lettre à la poste.

— Mais vous avez donc revu votre frère ?

— Oui, me dit-il.

C’était une étrange chose que ces deux duels à la suite l’un de l’autre, et dans lesquels, d’avance, un des deux adversaires était condamné. Sur ces entrefaites, le baron Giordano arriva. Il était huit heures. Nous partîmes.

Lucien avait si grande hâte d’arriver et poussa tellement le cocher, que nous étions au rendez-vous plus de dix minutes avant l’heure.