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LES FRÈRES CORSES

— Oh ! non…, reprit Louis, j’espère que ce ne sera pas.

Je vis qu’il répondait à une crainte personnelle, et n’insistai point.

En ce moment, la porte s’entr’ouvrit.

— Mon cher de Franchi, dit le baron de Giordano, j’ai respecté ta consigne tant que la chose a été possible ; mais il est huit heures ; le rendez-vous est à neuf ; nous avons une lieue et demie à faire, il faut partir.

— Je suis prêt, mon très-cher, dit Louis. Entre donc. J’ai dit à monsieur ce que j’avais à lui dire.

Il mit un doigt sur sa bouche en me regardant.

— Quant à toi, mon ami, continua-t-il en se retournant vers la table et en y prenant une lettre cachetée ; voici ton affaire. S’il m’arrivait malheur, lis ce billet, et conforme-toi, je te prie, à ce que je te demande.

— À merveille !

— Vous vous étiez chargé des armes ?

— Oui, répondis-je. Mais, au moment de partir, je me suis aperçu que l’un des chiens jouait mal. Nous prendrons, en passant, une boîte de pistolets chez Devisme.

Louis me regarda en souriant et me tendit la main. Il avait compris que je ne voulais pas qu’il fût tué avec mes pistolets.

— Avez-vous une voiture, demanda Louis, ou faut-il que Joseph aille en chercher une ?