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LES FRÈRES CORSES


« Ne quitte jamais notre mère, et songe qu’elle n’a plus que toi.

« Votre fils,
« Ton frère,
« Louis de Franchi. »

Après ces derniers mots, je me retournai vers celui qui les avait écrits.

— Eh bien, lui dis-je, qu’est-ce que cela signifie ?

— Ne comprenez-vous pas ? me demanda-t-il.

— Non.

— Je vais être tué à neuf heures dix minutes.

— Vous allez être tué ?

— Oui.

— Mais vous êtes fou ! Pourquoi vous frapper d’une pareille idée ?

— Je ne suis ni fou ni frappé, mon cher ami… Je suis prévenu, voilà tout.

— Prévenu ? et par qui ?

— Mon frère ne vous a-t-il pas raconté, demanda en souriant Louis, que les mâles de notre famille jouissent d’un singulier privilège ?

— C’est vrai, répondis-je en frissonnant malgré moi ; il m’a parlé d’apparitions.

— C’est cela. Eh bien, mon père m’est apparu cette