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LES FRÈRES CORSES

presque livide du jeune homme avec sa voix douce, grave et calme.

J’essayai de lire ; mais je suivais des yeux les caractères, sans qu’ils présentassent aucun sens distinct à mon esprit.

Au bout de cinq minutes :

— J’ai fini, dit-il.

Et, sonnant aussitôt son valet de chambre :

— Joseph, je n’y suis pour personne, pas même pour Giordano ; faites-le entrer au salon ; je désire, sans être interrompu par qui que ce soit, être dix minutes seul avec monsieur.

Le valet referma la porte.

— Tenez, me dit-il, mon cher Alexandre, Giordano est Corse, il a des idées corses ; je ne puis donc me fier à lui dans ce que je désire ; je lui demanderai le secret, et voilà tout ; quant à vous, il faut que vous me promettiez d’exécuter de point en point mes instructions.

— Certainement ! n’est-ce pas un devoir pour un témoin ?

— Un devoir d’autant plus réel qu’ainsi vous épargnerez peut-être à notre famille un second malheur.

— Un second malheur ? demandai-je étonné.

— Tenez, me dit-il, voici ce que j’écris à ma mère ; lisez cette lettre.

Je pris la lettre des mains de Franchi, et je lus avec un étonnement croissant :