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— Mais si c’était cela, vous devriez le savoir, Danglars, vous qui étiez agent comptable.

— Oui, c’est vrai ; mais l’agent comptable ne connaît que les colis qu’on lui déclare : je sais que nous sommes chargés de coton, voilà tout ; que nous avons pris le chargement à Alexandrie, chez M. Pastret, et à Smyrne, chez M. Pascal ; ne m’en demandez pas davantage.

— Oh ! je me rappelle maintenant, murmura le pauvre père se rattachant à ce débris, qu’il m’a dit hier qu’il avait pour moi une caisse de café et une caisse de tabac.

— Voyez-vous, dit Danglars, c’est cela ; en notre absence, la douane aura fait une visite à bord du Pharaon, et elle aura découvert le pot aux roses.

Mercédès ne croyait point à tout cela ; car, comprimée jusqu’à ce moment, sa douleur éclata tout à coup en sanglots.

— Allons, allons, espoir ! dit sans trop savoir ce qu’il disait, le père Dantès.

— Espoir ! répéta Danglars.

— Espoir, essaya de murmurer Fernand, mais ce mot l’étouffait ; ses lèvres s’agitèrent, aucun son ne sortit de sa bouche.

— Messieurs, cria un des convives resté en vedette sur la balustrade ; messieurs, une voiture ! Ah, c’est M. Morrel ! courage, courage ! sans doute qu’il nous apporte de bonnes nouvelles.

Mercédès et le vieux père coururent au-devant de l’armateur, qu’ils rencontrèrent à la porte. M. Morrel était fort pâle.

— Eh bien ! s’écrièrent-ils d’une même voix.

— Eh bien, mes amis ! répondit l’armateur en secouant la tête, la chose est plus grave que nous le pensions.

— Oh ! Monsieur, s’écria Mercédès, il est innocent !