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première voiture que je rencontre, je cours à Marseille, et je vous rapporte des nouvelles.

— Allez ! crièrent toutes les voix, allez ! et revenez bien vite !

Il y eut après ce double départ un moment de stupeur terrible parmi tous ceux qui étaient restés.

Le vieillard et Mercédès restèrent quelque temps isolés, chacun dans sa propre douleur ; mais enfin leurs yeux se rencontrèrent : ils se reconnurent comme deux victimes frappées du même coup, et se jetèrent dans les bras l’un de l’autre.

Pendant ce temps Fernand rentra, se versa un verre d’eau qu’il but, et alla s’asseoir sur une chaise.

Le hasard fit que ce fut sur une chaise voisine que vint tomber Mercédès en sortant des bras du vieillard.

Fernand, par un mouvement instinctif, recula sa chaise.

— C’est lui, dit à Danglars Caderousse, qui n’avait pas perdu de vue le Catalan.

— Je ne crois pas, répondit Danglars, il était trop bête ; en tout cas, que le coup retombe sur celui qui l’a fait.

— Tu ne me parles pas de celui qui l’a conseillé, dit Caderousse.

— Ah, ma foi ! dit Danglars, si l’on était responsable de tout ce que l’on dit en l’air !

— Oui, lorsque ce que l’on dit en l’air retombe par la pointe.

Pendant ce temps, les groupes commentaient l’arrestation de toutes les manières.

— Et vous, Danglars, dit une voix, que pensez-vous de cet événement ?

— Moi, dit Danglars, je crois qu’il aura rapporté quelques ballots de marchandises prohibées.