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vivait plus et semblait un damné dans le lac de feu. Un des premiers, il s’était levé et se promenait de long en large dans la salle, essayant d’isoler son oreille du bruit des chansons et du choc des verres.

Caderousse s’approcha de lui au moment où Danglars, qu’il semblait fuir, venait de le rejoindre dans un angle de la salle.

— En vérité, dit Caderousse, à qui les bonnes façons de Dantès et surtout le bon vin du père Pamphile avaient enlevé tous les restes de la haine dont le bonheur inattendu de Dantès avait jeté les germes dans son âme, en vérité, Dantès est un gentil garçon ; et quand je le vois assis près de sa fiancée, je me dis que c’eût été dommage de lui faire la mauvaise plaisanterie que vous complotiez hier.

— Aussi, dit Danglars, tu as vu que la chose n’a pas eu de suite ; ce pauvre M. Fernand était si bouleversé qu’il m’avait fait de la peine d’abord ; mais du moment qu’il en a pris son parti, au point de s’être fait le premier garçon de noces de son rival, il n’y a plus rien à dire.

Caderousse regarda Fernand, il était livide.

— Le sacrifice est d’autant plus grand, continua Danglars, qu’en vérité la fille est belle. Peste ! l’heureux coquin que mon futur capitaine ; je voudrais m’appeler Dantès douze heures seulement.

— Partons-nous ? demanda la douce voix de Mercédès ; voici deux heures qui sonnent, et l’on nous attend à deux heures un quart.

— Oui, oui, partons ! dit Dantès en se levant vivement.

— Partons ! répétèrent en chœur tous les convives.

Au même instant, Danglars, qui ne perdait pas de vue Fernand assis sur le rebord de la fenêtre, le vit