— Bravo ! dit le patron.
— Bravo ! répétèrent les matelots.
Et tous regardaient, émerveillés, cet homme dont le regard avait retrouvé une intelligence et le corps une vigueur qu’on était loin de soupçonner en lui.
— Vous voyez, dit Dantès en quittant la barre, que je pourrai vous être de quelque utilité, pendant la traversée du moins. Si vous ne voulez pas de moi à Livourne, eh bien ! vous me laisserez là ; et, sur mes premiers mois de solde, je vous rembourserai ma nourriture jusque-là et les habits que vous allez me prêter.
— C’est bien, c’est bien, dit le patron ; nous pourrons nous arranger si vous êtes raisonnable.
— Un homme vaut un homme, dit Dantès ; ce que vous donnez aux camarades vous me le donnerez, et tout sera dit.
— Ce n’est pas juste, dit le matelot qui avait tiré Dantès de la mer, car vous en savez plus que nous.
— De quoi diable te mêles-tu ? Cela te regarde-t-il Jacopo ? dit le patron ; chacun est libre de s’engager pour la somme qui lui convient.
— C’est juste, dit Jacopo ; c’était une simple observation que je faisais.
— Eh bien ! tu ferais bien mieux encore de prêter à ce brave garçon, qui est tout nu, un pantalon et une vareuse, si toutefois tu en as de rechange.
— Non, dit Jacopo, mais j’ai une chemise et un pantalon.
— C’est tout ce qu’il me faut, dit Dantès ; merci, mon ami.
Jacopo se laissa glisser par l’écoutille, et remonta un instant après avec les deux vêtements, que Dantès revêtit avec un indicible bonheur.