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c’est que les jours vous aient suffi pour toute cette besogne.

— J’avais les nuits, répondit Faria.

— Les nuits ! êtes-vous donc de la nature des chats et voyez-vous clair pendant la nuit ?

— Non ; mais Dieu a donné à l’homme l’intelligence pour venir en aide à la pauvreté de ses sens : je me suis procuré de la lumière.

— Comment cela ?

— De la viande qu’on m’apporte je sépare la graisse, je la fais fondre et j’en tire une espèce d’huile compacte. Tenez, voilà ma bougie.

Et l’abbé montra à Dantès une espèce de lampion pareil à ceux qui servent dans les illuminations publiques.

— Mais du feu ?

— Voici deux cailloux et du linge brûlé.

— Mais des allumettes ?

— J’ai feint une maladie de peau, et j’ai demandé du soufre, que l’on m’a accordé.

Dantès posa les objets qu’il tenait sur la table et baissa la tête, écrasé sous la persévérance et la force de cet esprit.

— Ce n’est pas tout, continua Faria ; car il ne faut pas mettre tous ses trésors dans une seule cachette ; refermons celle-ci.

Ils posèrent la dalle à sa place ; l’abbé sema un peu de poussière dessus, y passa son pied pour faire disparaître toute trace de solution de continuité, s’avança vers son lit et le déplaça.

Derrière le chevet, caché par une pierre qui le refermait avec une herméticité presque parfaite, était un trou, et dans ce trou une échelle de corde longue de vingt-cinq à trente pieds.