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Le jeune homme réfléchit un instant.

— J’ai trouvé ce que vous cherchiez, dit-il au vieillard.

Faria tressaillit.

— Vous ? dit-il, et en relevant la tête d’un air qui indiquait que si Dantès disait la vérité, le découragement de son compagnon ne serait pas de longue durée ; vous, voyons, qu’avez-vous trouvé ?

— Le corridor que vous avez percé pour venir de chez vous ici s’étend dans le même sens que la galerie extérieure, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Il doit n’en être éloigné que d’une quinzaine de pas ?

— Tout au plus.

— Eh bien ! vers le milieu du corridor nous perçons un chemin formant comme la branche d’une croix. Cette fois vous prenez mieux vos mesures. Nous débouchons sur la galerie extérieure. Nous tuons la sentinelle et nous nous évadons. Il ne faut, pour que ce plan réussisse, que du courage, vous en avez ; que de la vigueur, je n’en manque pas. Je ne parle pas de la patience, vous avez fait vos preuves et je ferai les miennes.

— Un instant, répondit l’abbé ; vous n’avez pas su, mon cher compagnon, de quelle espèce est mon courage, et quel emploi je compte faire de ma force. Quant à la patience, je crois avoir été assez patient en recommençant chaque matin la tâche de la nuit et chaque nuit la tâche du jour. Mais alors, écoutez-moi bien, jeune homme, c’est qu’il me semblait que je servais Dieu en délivrant une de ses créatures qui, étant innocente, n’avait pu être condamnée.

— Eh bien ! demanda Dantès, la chose n’en est-elle