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plus de dix poignées de débris de moellons, de plâtre et de ciment.

Lorsque l’heure de la visite arriva, il redressa de son mieux le manche tordu de sa casserole et remit le récipient à sa place accoutumée. Le porte-clefs y versa la ration ordinaire de soupe et de viande, ou plutôt de soupe et de poisson, car ce jour-là était un jour maigre, et trois fois par semaine on faisait faire maigre aux prisonniers. C’eût été encore un moyen de calculer le temps, si depuis longtemps Dantès n’avait pas abandonné ce calcul.

Puis la soupe versée, le porte-clefs se retira.

Cette fois Dantès voulut s’assurer si son voisin avait bien réellement cessé de travailler.

Il écouta.

Tout était silencieux comme pendant ces trois jours où les travaux avaient été interrompus.

Dantès soupira ; il était évident que son voisin se défiait de lui.

Cependant il ne se découragea point et continua de travailler toute la nuit ; mais après deux ou trois heures de labeur, il rencontra un obstacle.

Le fer ne mordait plus et glissait sur une surface plane.

Dantès toucha l’obstacle avec ses mains et reconnut qu’il avait atteint une poutre.

Cette poutre traversait ou plutôt barrait entièrement le trou qu’avait commencé Dantès.

Maintenant il fallait creuser dessus ou dessous.

Le malheureux jeune homme n’avait point songé à cet obstacle.

— Oh ! mon Dieu, mon Dieu ! s’écria-t-il, je vous avais cependant tant prié, que j’espérais que vous m’a-