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STAHL.

C’est par là que, dans sa Chimie nouvelle, il introduit une précision inconnue. Plus de vague ni d’incertitude, les faits et l’explication se tiennent, rien ne les sépare. Les terres sont des êtres simples. Quand le phlogistique s’y ajoute, elles se métallisent, et les métaux sont des composés. Ôtez-leur le phlogistique, les terres reparaissent.

Quel progrès, quand on se rappelle les éléments ou principes de ses prédécesseurs, sortes de qualités abstraites qui ne se révélaient sous forme saisissable qu’autant que leur pureté se trouvait souillée de je ne sais quelle substance terrestre, qui pouvait les déguiser en cent façons !

Quel progrès, quand à ces terres et à ce phlogistique, dont Stahl fait une application si heureuse et si prochaine à l’explication de tous les faits de la Chimie, on oppose les éléments de ses prédécesseurs, ces éléments un peu trop métaphysiques, comme disait Lémery, qui les décrit soigneusement à la première page, mais qui s’en débarrasse dès la seconde, comme d’un bagage pesant et inutile !

Stahl a fait descendre jusqu’aux faits les théories qui s’égaraient dans les nuages. Stahl a été le précurseur nécessaire de Lavoisier, et, s’il s’est borné à lui préparer les voies, il les a du moins préparées d’une manière large, qui n’appartient qu’au génie.