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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

soufre sont polymorphes. Il paraît en être de même du phosphore. Serait-il permis d’admettre des corps simples isomères ? Cette question, vous le voyez, touche de près à la transmutation des métaux. Résolue affirmativement, elle donnerait des chances de succès à la recherche de la pierre philosophale.

D’abord il est clair qu’on ne saurait faire une réponse positive. Pour prouver l’isomérie de deux composés, on les analyse et l’on constate l’identité des résultats. Or, quand il s’agit de corps simples, il n’y a plus d’analyse possible. Le seul moyen dont on puisse disposer serait donc de les transformer l’un dans l’autre, en changeant le mode d’agrégation de leurs plus petites particules, et l’on n’y est jamais parvenu.

Cependant on peut faire le raisonnement suivant. Dans tous les corps isomères on trouve des équivalents ou égaux, ou multiples, ou sous-multiples. En conséquence, si les corps simples ne présentent pas ce caractère, il n’y a pas d’isomérie parmi eux ; mais, si ce caractère existe pour quelques-uns d’entre eux, il sera possible qu’ils soient isomères. Il faut donc consulter l’expérience, et l’expérience, il faut le dire, n’est point en opposition jusqu’ici avec la possibilité de la transmutation des corps simples, ou du moins de certains corps simples.