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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

ritent d’être rappelées comme offrant un contraste curieux entre leur prodigieux défaut de précision et l’extrême importance des conclusions qu’il en tirait.

C’est ainsi qu’il prétendait qu’un vase plein de cendres pouvait recevoir autant d’eau que s’il eût été vide. Que faisait-il donc de l’eau dont la cendre prenait la place ? La différence des quantités de liquide nécessaires dans les deux cas était pourtant facile à reconnaître. Je ne sais si nous argumentons beaucoup mieux qu’alors, mais on conviendra du moins que l’art d’expérimenter a fait quelques progrès depuis Leucippe.

Il apportait encore à l’appui de sa doctrine une autre démonstration expérimentale non moins remarquable. C’était la compression qu’il croyait observer sur le vin renfermé dans une outre soumise à un violent effort. Il ne s’apercevait pas que l’outre était extensible et que le vin qu’il s’imaginait avoir comprimé dans le point où la pression avait lieu était simplement refoulé dans les autres parties de l’outre.

Il invoquait enfin, et cette fois avec quelque apparence de raison du moins, les phénomènes de la nutrition des êtres organisés. Leur développement démontre en effet la réalité d’un espace où il puisse se produire : car la matière que ces êtres s’appro-