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PROUST.

surprise qu’il a eu entre les mains assez de documents pour former la loi des nombres proportionnels, et que néanmoins il n’a point conduit à la découvrir. C’est qu’au lieu d’établir ses résultats analytiques, en prenant pour terme constant le poids de la matière employée, il fallait choisir pour terme constant le poids de l’un ou de l’autre des composants. S’il en eût agi de la sorte, il est clair que les rapports déduits de ses analyses n’auraient pas manqué de faire impression sur son esprit et de le conduire à reconnaître la loi des équivalents et celle des proportions multiples. Il ne suffit donc pas de faire des expériences exactes : il faut encore savoir les confronter entre elles, de telle façon que les rapports naturels des nombres ne soient pas déguisés, comme il arrive toujours quand on prend une unité artificielle.

Si, par exemple, au lieu d’exprimer la composition des oxydes d’étain, en disant que 100 parties du deutoxyde contenaient 78 parties d’étain et 22 parties d’oxygène, et que 100 de protoxyde renfermaient 87 d’étain et 13 d’oxygène, il avait compté la quantité d’oxygène combinée avec 100 parties du métal dans les deux cas, il eût trouvé 28 pour le bioxyde et 14 pour le protoxyde : certainement il aurait remarqué que le premier nombre était double du second. D’autres analyses calculées de la même