Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

sels neutres distingués par Rouelle, une seule était fondée, celle des sels neutres parfaits ; il n’admettait point de combinaisons particulières qui continssent un excès d’acide ou un excès de base. Toutes celles que l’on citait comme exemples ne provenaient, suivant lui, que d’un simple mélange d’un sel neutre parfait avec de l’acide libre ou une base libre ; de sorte qu’il aurait suffi d’enlever, soit par des lavages, soit par tout autre moyen analogue, cet acide libre ou cette base libre dont le sel était imprégné, pour que le résidu revint à l’état de neutralité parfaite. Rouelle le combattit vivement, mais il eut beaucoup de peine à faire admettre ses idées.

Rouelle, qui d’ailleurs a laissé comme professeur de grands souvenirs, avait un esprit très-ardent. Il était né aux environs de Caen, d’une bonne famille, et avait fait ses premiers essais chimiques au feu de la forge, chez un maréchal son voisin. Étant venu à Paris, il y étudia les sciences, établit une pharmacie, fonda des cours particuliers et obtint les plus grands succès. En 1742, il fut nommé démonstrateur de Chimie au Jardin des Plantes, et deux ans après il entra à l’Académie. Il avait une manière de professer très-particulière. Il arrivait à son amphithéâtre en bel habit, perruque en tête et chapeau sous le bras. Il commençait posément ; bientôt il