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LAVOISIER.

pourriez croire, à ce simple énoncé, qu’ils avaient compris qu’on pouvait l’envisager comme un sulfate d’eau. Du tout : ils regardaient les sels comme formés d’eau et de terre, et comme devant par conséquent offrir des propriétés intermédiaires entre celles de ces deux sortes de corps. Or ils trouvaient dans l’acide sulfurique une densité plus grande que celle de l’eau et moindre que celle des terres. L’élévation de son point d’ébullition leur faisait penser que, tout en devant à l’eau qu’il contenait la propriété de se réduire en vapeur, l’influence de la terre nuisait à sa volatilité et rendait nécessaire l’emploi d’une bien plus haute température. Si dans certaines circonstances, que nous savons être aujourd’hui un état convenable d’hydratation, l’acide sulfurique peut cristalliser à une température supérieure à celle de la glace fondante, c’était, suivant eux, un effet de la terre qui tendait à se solidifier. Enfin, d’un autre côté, ils remarquaient, comme autant de preuves de sa ressemblance avec l’eau, que cet acide était limpide et incolore comme elle, que comme elle il se présentait ordinairement à l’état liquide, etc.

On distinguait alors les sels en trois classes : les sels acides, les sels alcalins et les sels moyens. Parmi les sels acides se trouvaient l’acide sulfurique, l’acide benzoïque et beaucoup d’autres ; les