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LAVOISIER.

obscure et faible ; c’est qu’elle ne se produit pour ainsi dire jamais d’elle-même à la surface du globe, et qu’il faut l’exciter ; c’est, en un mot, qu’elle ne se rattache à l’explication d’aucun des phénomènes naturels dont l’éclat fixait depuis longtemps l’attention des philosophes.

On pouvait penser, il y a soixante ans, qu’il n’y avait rien de commun entre l’action réciproque d’un acide et d’une base et l’action qui s’opère dans la combustion ou la respiration. On pouvait craindre que, cette réaction une fois expliquée, le rôle de l’air ou celui de l’eau dans les réactions qui, sans cesse renouvelées sous nos yeux, donnent une idée si haute de la puissance des forces chimiques, n’en fût pas mieux compris.

On se trompait pourtant, et tandis que, séduits par l’éclat des grands phénomènes de la nature, on s’obstinait à leur demander les lois de l’action chimique, une heureuse inspiration conduisait à les découvrir dans l’étude de ces actions obscures et dédaignées qui ont lieu dans la production ou la décomposition des sels.

Étudiez du reste avec soin la marche des sciences, et vous verrez qu’il est bien rare qu’on parvienne à saisir les lois d’une classe de phénomènes en étudiant ceux où l’action se présente avec sa plus haute intensité. C’est ordinairement le contraire que l’on