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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

borique et la potasse, qui tous deux étaient inconnus dans leur nature réelle, pouvaient très-bien être étudiés dans leur action réciproque, et rien n’empêchait de constater les phénomènes qui accompagnent ordinairement la formation du borate de potasse. Aujourd’hui même, les alcalis végétaux ne nous offrent-ils pas l’exemple de composés dont l’essence est ignorée, et qui comme bases sont néanmoins parfaitement connus ? Que pouvez-vous dire sur leur nature intime ? Bien, ou tout au plus de vagues suppositions. N’en est-il pas de même de la plupart des acides organiques ? Leur nature intime ne demeure-t-elle pas inconnue jusqu’ici ? Oui sans doute, et pourtant on sait fort bien définir la nature des combinaisons salines formées par les alcalis végétaux, aussi bien que celles qui sont produites par les acides organiques, et l’on peut y appliquer les règles générales qui permettent de prévoir les réactions des sels, avec tout autant de certitude que s’il s’agissait des bases ou des acides minéraux les mieux connus dans leur composition intime.

Pourquoi donc, sans s’embarrasser de la nature même des corps basiques ou acides, n’a-t-on pas cherché autrefois dans l’étude de leurs combinaisons la clef de la nature de l’action chimique et de ses effets ? C’est qu’en général l’action chimique qui se passe entre les acides et les bases est une action