Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
LAVOISIER.

peut-être, pour l’honneur de l’humanité, convient-il d’ensevelir dans l’oubli la réponse froide et sardonique qui les accueillit.

Quelques personnes vous diront : Oui la mort de Lavoisier fut un crime abominable, un malheur publie ; mais du moins la Philosophie n’y a-t-elle rien perdu ; son système était complet, achevé ; il se fût reposé désormais.

Hélas ! Messieurs, cette consolation, tant faible soit-elle, cette consolation même nous manque !

Sans doute, le cercle tracé par Lavoisier se trouvait fermé, sans doute l’esprit humain s’y débattra longtemps encore avant d’en sortir ; mais, loin d’être épuisé, son génie semblait se ranimer d’un nouveau feu, et ces chaînes qu’il nous a forgées, sa main les eût soulevées en se jouant.

Lisez ses œuvres et vous verrez qu’ici Lavoisier se promet de terminer bientôt ses expériences sur la chaleur produite par la combinaison des corps ; que là il annonce qu’il va s’occuper d’une étude attentive de l’affinité, d’après des vues qui lui sont propres ; qu’ailleurs il parle d’un grand travail sur la fermentation, travail terminé, dont nous ne connaissons qu’une faible partie.

Lisez ses œuvres, Messieurs, et votre douleur repoussera toute consolation, car vous y lirez :

« Ce n’est point ici le lieu d’entrer dans aucun