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LAVOISIER.

cette indifférence imprévue pour lui qui a causé sa perte. D’autres ont échappé au même péril à la faveur des démarches les plus actives ; mais lui et les siens n’ont pu s’imaginer que cette gloire, dont ils sentaient tout le poids, n’aurait aucune espèce d’influence sur ses juges ; ils se sont trompés.

Il fut condamné, comme tous ses collègues, sous le prétexte le plus puéril, mais il n’en fallait pas d’autre à cette époque… L’arrêt porte :

« Condamné à mort, comme convaincu d’être auteur ou complice d’un complot qui a existé contre le peuple français, tendant à favoriser le succès des ennemis de la France ; notamment en exerçant toute espèce d’exactions et de concussions sur le peuple français, en mêlant au tabac de l’eau et des ingrédiens nuisibles à la santé des citoyens qui en faisaient usage. » Vous n’ignorez point que, dans la fermentation du tabac, il est nécessaire d’ajouter une certaine quantité d’eau ; c’est, parce qu’un ancien commis vint assurer, et sans preuve aucune, qu’on en avait mis trop, que les fermiers généraux furent condamnés à mort.

On dit que Lavoisier, condamnée mort, aurait demandé un sursis, sous prétexte de terminer quelques expériences importantes et que ce sursis lui fut refusé ; cela paraît douteux. Lavoisier est mort, comme on mourait alors, avec calme et résignation,