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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

dans une réclamation écrite presque au pied de l’échafaud. C’est une propriété que je réclame auprès de mes contemporains et de la postérité. »

À cet égard tout nuage a disparu et ses mânes doivent être apaisées.

Alors il conçut la pensée de former un recueil de tous ses Mémoires, afin de donner au public les moyens d’apprécier si cette doctrine lui appartenait ou non. Si cet ouvrage était complet, nous pourrions parcourir d’un seul coup d’œil la série de ses recherches, et ma tâche eût été plus facile ; mais, au moment même où il s’occupait de sa publication, la mort, une mort affreuse, vint le frapper, et ce recueil incomplet demeure comme le monument le plus touchant que l’on puisse rencontrer dans l’histoire des sciences. Rien n’est douloureux à voir comme cet ouvrage dont le second volume seul est entier, et dont le premier et le troisième en train de s’imprimer semblent tranchés par la même hache qui frappait leur auteur !… La phrase est coupée là où se trouvait sa plume au moment où le bourreau vint le saisir. Je le répète, il n’est point d’émotion comparable à celle-là ; il n’est rien de plus dramatique au monde que la vue de ces funèbres pages, de ces pages inachevées, dont un voile de sang nous dérobe la suite.

Comment cet événement est-il arrivé ? Comment