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LAVOISIER.

À peine Lavoisier est-il entré dans la compagnie des fermiers généraux, que les savants le blâment comme un déserteur, et les fermiers généraux comme un intrus incapable de s’élever aux finesses de la profession. Ces derniers furent bientôt détrompés, et il sut s’attirer parmi eux une considération qui allait jusqu’au respect. Parmi eux, il a le premier proposé d’abaisser certains impôts, convaincu que le revenu, loin de diminuer, s’élèverait au contraire par cette mesure. C’est à lui que les Juifs de Metz durent l’abolition d’un impôt odieux, vieux reste des temps de barbarie.

Sous le ministère de Turgot, en 1776, il fut mis à la tête de la régie des salpêtres, et c’est à lui que l’on doit l’abolition de l’usage si vexatoire en vertu duquel les employés pouvaient pénétrer de force dans les caves, pour enlever les terres salpétrifiées qui en forment le sol. Il fit voir qu’on pouvait se passer de cette ressource, et qu’en se bornant même aux plâtras il était facile de quadrupler la production. Ainsi Lavoisier fait cesser les fouilles forcées ; il publie une instruction sur la fabrication du salpêtre, qui a longtemps guidé tous nos salpétriers ; il améliore la fabrication de la poudre ; et, dans toutes ces circonstances, ne le perdons pas de vue, c’est Lavoisier, fermier général, qui conseille ou qui agit, quoiqu’il ait le malheur de cumuler les