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LAVOISIER.

Là, comme partout, Lavoisier se montre donc comme un homme qui prend froidement et avec maturité chacune de ses décisions, et qui les suit jusqu’au bout d’une manière ferme, sans qu’aucun obstacle puisse ébranler sa persévérance. Reportez-vous maintenant, car je viens de vous y ramener, au moment où il écrivait sa Note sur le rôle de l’air dans les combustions ou calcinations, et représentez-vous la conduite que devait suivre alors un jeune homme, que des problèmes bien moins sérieux, des occasions bien moins solennelles avaient trouvé si large dans la conception de ses plans de travail, si dévoué dans leur exécution.

Il ne s’agissait pas moins ici que de son existence tout entière, car il fallait refaire une science qui n’existait encore que de nom ; et cette science, c’était la Chimie, la plus embarrassée de toutes en détails qui semblaient inextricables alors. Lavoisier le comprit, et il n’hésita pas à sacrifier sa vie à ce grand but. Mais, pour l’atteindre, il lui fallait une vie arrêtée et calme, car il avait besoin de longues veilles, de veilles tranquilles ; il lui fallait une grande fortune, car il avait besoin d’aides, de produits coûteux et d’appareils de grand prix. Il s’occupe dès lors, en conséquence, à organiser son existence comme un général organise un plan de campagne ; il mesure de l’œil toute l’étendue de sa