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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

sûr. C’est en elle que l’on trouve vraiment le cachet de son génie ; car personne n’avait su, comme lui, reconnaître dans une réaction l’existence d’un corps nouveau, et, quand une réaction l’avait mis sur la voie d’un nouveau corps, personne, comme lui, n’avait su parvenir à l’isoler et à le mettre en évidence aux yeux de tous. On se ferait donc une juste idée de la nature de son talent, en disant que c’est l’un des créateurs de l’analyse qualitative et surtout de l’analyse par voie humide, genre de recherches dont le goût s’est perpétué chez les chimistes suédois qui lui ont succédé.

Ce n’est point à Priestley que nous devons la découverte d’une méthode propre à recueillir les gaz : d’autres, avant lui, avaient su le faire ; mais nul n’avait compris que leur formation fût si fréquente, que leur nature fût si variée, et lui seul a su les saisir partout où ils se produisent. Priestley nous a dotés d’ailleurs d’un art tout nouveau, l’art de mettre un gaz en rapport avec toutes les autres substances, malgré son état de fluide élastique ; et cet art, Priestley l’a possédé à un tel degré, qu’aujourd’hui même presque toutes les méthodes que nous employons dans le maniement des gaz se trouvent décrites dans ses ouvrages.

Cette même année 1770 qui a vu paraître les premiers travaux de Schéele et de Priestley, à laquelle