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PRIESTLEY.

grande question qui préoccupait leur siècle ? Non, cent fois non, et vous le verrez bien dans la Leçon qui va suivre.

Sans doute Priestley, avec son ignorance des détails de la Chimie, avec ses répugnances pour les théories générales, avec son obstination à conserver la doctrine du phlogistique, Priestley sans doute était mal préparé pour faire une révolution en Philosophie naturelle ; mais il y serait peut-être arrivé pourtant avec sa pénétration singulière, son art si heureux de tirer parti de toutes les observations fortuites, s’il avait su se donner un instrument de plus.

Avec une instruction bien plus bornée, Schéele de son côté l’emportait sur Priestley, par un sentiment exquis de la Chimie, qui n’a jamais été surpassé. Chez lui tous les détails sont vrais, mais la patience qu’il a fallu pour les observer n’exclut jamais l’ordonnance savante de l’ensemble. La part faite au travail, au travail lent et infatigable, l’imagination s’anime chez lui et le génie reprend tous ses droits. Comme observateur, Schéele pouvait donc maîtriser toutes les difficultés, saisir toutes les finesses du moindre phénomène ; comme inventeur : on peut l’assurer, il n’est pas de hauteur à laquelle sa belle intelligence ne pût s’élever. Si Schéele s’est arrêté en route, c’est que les faits lui manquaient,