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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

le monde l’oubliait, pour s’incliner devant l’artiste inimitable qui avait su s’en servir pour élever un monument d’une perfection achevée.

Peut-être faut-il vous dire aussi comment Priestley en était venu à cet état d’exil lointain et d’abandon, si vous n’avez deviné que ses opinions religieuses doivent être accusées de ce changement de fortune.

En se séparant de lord Shelburne, il avait conservé une petite pension de ce seigneur. Il y joignit des ressources qui dans nos mœurs sembleraient fort étranges, mais qui, en Angleterre, sont admises : il vivait du produit d’une souscription de quelques amis des sciences, qui s’étaient réunis pour lui assurer un revenu modeste. Parmi eux on voit avec plaisir figurer un savant distingué, que son talent comme chimiste, que son bon goût dans les arts et son habileté administrative ont fait l’un des créateurs de l’industrie si développée des poteries anglaises : c’est Wedgwood, qui lui donnait en outre tous les ustensiles de laboratoire que ses fabriques pouvaient lui fournir.

Avec ces moyens d’existence, Priestley se retira près de Birmingham, dans un petit village, où il exerçait ses fonctions ecclésiastiques et où il reprit avec une vigueur nouvelle ses publications théologiques. Pour comprendre la passion qu’il y mettait,