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LA REINE MARGOT.

Henri prononça ces derniers mots en riant et en regardant Marguerite.

— Oui, dit-elle sans s’émouvoir ; car enfin, ce monsieur de La Mole est au duc mon frère.

— Eh bien, tâchez de nous le gagner, Madame, dit Henri avec un sérieux parfait. N’épargnez ni l’or ni les promesses. Je mets tous mes trésors à sa disposition.

— Alors, dit Marguerite avec un de ces sourires qui n’appartiennent qu’aux femmes de Boccace, puisque tel est votre désir, je ferai de mon mieux pour le seconder.

— Bien, bien, Madame, et vous, de Mouy, retournez vers le duc et enferrez-le.





XXVI

margarita.


Pendant la conversation que nous venons de rapporter, La Mole et Coconnas montaient leur faction ; La Mole un peu chagrin, Coconnas un peu inquiet.

C’est que La Mole avait eu le temps de réfléchir et que Coconnas l’y avait merveilleusement aidé.

— Que penses-tu de tout cela, notre ami ? avait demandé La Mole à Coconnas.

— Je pense, avait répondu le Piémontais, qu’il y a dans tout cela quelque intrigue de cour.

— Et, le cas échéant, es-tu disposé à jouer un rôle dans cette intrigue ?

— Mon cher, répondit Coconnas, écoute bien ce que je te vais dire et tâche d’en faire ton profit. Dans toutes ces menées princières, dans toutes ces machinations royales, nous ne pouvons et surtout nous ne devons passer que comme des ombres : où le roi de Navarre laissera un morceau de sa plume et le duc d’Alençon un pan de son manteau, nous laisserons notre vie, nous. La reine a un caprice pour toi,