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LA REINE MARGOT.

sage rude formaient un contraste étrange avec la douce et bucolique chanson que nous venons de citer, arrêta alors son cheval, descendit, et se baissant sur les deux corps :

— Voilà de belles plaies, dit-il ; mais j’en fais encore de meilleures.

— Qui donc êtes-vous ? demanda Marguerite ressentant malgré elle une certaine terreur qu’elle n’avait pas la force de vaincre.

— Madame, répondit cet homme en s’inclinant jusqu’à terre, je suis maître Caboche, bourreau de la prévôté de Paris, et je venais accrocher à ce gibet des compagnons pour M. l’amiral.

— Eh bien ! moi, je suis la reine de Navarre, répondit Marguerite ; jetez là vos cadavres, étendez dans votre chariot les housses de nos chevaux, et ramenez doucement derrière nous ces deux gentilshommes au Louvre.




XVII

le confrère de maître ambroise paré.


Le tombereau dans lequel on avait placé Coconnas et La Mole reprit la route de Paris, suivant dans l’ombre le groupe qui lui servait de guide. Il s’arrêta au Louvre ; le conducteur reçut un riche salaire. On fit transporter les blessés chez M. le duc d’Alençon, et l’on envoya chercher maître Ambroise Paré.

Lorsqu’il arriva, ni l’un ni l’autre n’avait encore repris connaissance.

La Mole était le moins maltraité des deux : le coup d’épée l’avait frappé au-dessous de l’aisselle droite, mais n’avait offensé aucun organe essentiel ; quant à Coconnas, il avait le poumon traversé, et le souffle qui sortait par la blessure faisait vaciller la flamme d’une bougie.

Maître Ambroise Paré ne répondait pas de Coconnas.