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LA REINE MARGOT.

— Que Votre Majesté compte sur moi, lui dit-il, je serai toujours heureux de l’accompagner partout où elle ira.

Et il jeta autour de lui un coup d’œil rapide pour compter les sourcils qui se fronçaient.

Aussi celui de tout le cortège que l’on regardait avec le plus de curiosité, peut-être, était ce fils sans mère, ce roi sans royaume, ce huguenot fait catholique. Sa figure longue et caractérisée, sa tournure un peu vulgaire, sa familiarité avec ses inférieurs, familiarité qu’il portait à un degré presque inconvenant pour un roi, familiarité qui tenait aux habitudes montagnardes de sa jeunesse et qu’il conserva jusqu’à sa mort, le signalaient aux spectateurs, dont quelques-uns lui criaient :

— À la messe, Henriot, à la messe !

Ce à quoi Henri répondait :

— J’y ai été hier, j’en viens aujourd’hui, et j’y retournerai demain. Ventre-saint-gris ! il me semble cependant que c’est assez comme cela.

Quant à Marguerite, elle était à cheval, si belle, si fraîche, si élégante, que l’admiration faisait autour d’elle un concert dont quelques notes, il faut l’avouer, s’adressaient à sa compagne, madame la duchesse de Nevers, qu’elle venait de rejoindre, et dont le cheval blanc, comme s’il était fier du poids qu’il portait, secouait furieusement la tête.

— Eh bien, duchesse ! dit la reine de Navarre, quoi de nouveau ?

— Mais, Madame, répondit tout haut Henriette, rien que je sache.

Puis tout bas :

— Et le huguenot, demanda-t-elle, qu’est-il devenu ?

— Je lui ai trouvé une retraite à peu près sûre, répondit Marguerite. Et le grand massacreur de gens, qu’en as-tu fait ?

— Il a voulu être de la fête ; il monte le cheval de bataille de M. de Nevers, un cheval grand comme un éléphant. C’est un cavalier effrayant. Je lui ai permis d’assister à la cérémonie, parce que j’ai pensé que prudemment ton huguenot garderait la chambre et que de cette façon il n’y aurait pas de rencontre à craindre.

— Oh ! ma foi ! répondit Marguerite en souriant, fût-il ici, et il n’y est pas, je crois qu’il n’y aurait pas de rencontre pour cela. C’est un beau garçon que mon huguenot,