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plaisir d’obliger, je sais cela ; d’ailleurs, ce que je vais vous demander n’est pas bien difficile, c’est purement et simplement de m’indiquer un abri pour cette nuit.

— Il y a d’abord cette roche, dit Gilbert, sous laquelle je m’étais mis à couvert de l’orage.

— Oui, dit le voyageur ; mais j’aimerais mieux quelque chose comme une maison, où je trouverais un bon souper et un bon lit.

— Cela c’est plus difficile.

— Sommes-nous donc bien éloignés du premier village ?

— De Pierrefitte ?

— C’est Pierrefitte qu’il s’appelle ?

— Oui, monsieur ; nous en sommes éloignés d’une lieue et demie à peu près.

— Une lieue et demie par cette nuit, par ce temps, avec ces deux chevaux seulement, nous en aurions pour deux heures. Voyons, mon ami. cherchez bien, n’y a-t-il donc aux environs d’ici aucune habitation ?

— Il y a le château de Taverney, qui est à trois cents pas au plus.

— Eh bien ! alors… fit le voyageur.

— Quoi, monsieur ? demanda le jeune homme en ouvrant de grands yeux.

— Que ne disiez-vous cela tout de suite ?

— Mais le château de Taverney n’est pas une auberge.

— Est-il habité ?

— Sans doute.

— Par qui ?

— Mais par le baron de Taverney ?

— Qu’est-ce que c’est que le baron de Taverney ?

— C’est le père de mademoiselle Andrée, monsieur.

— Cela me fait grand plaisir à savoir, dit en souriant le voyageur ; mais je vous demandais quelle espèce d’homme est le baron.

— Monsieur, c’est un vieux seigneur de soixante à soixante-cinq ans, qui a été riche autrefois, à ce qu’on dit.

— Oui, et qui est pauvre maintenant ; c’est leur histoire à